Vous avez été opéré d’un névrome de Morton, cette compression nerveuse si douloureuse à l’avant du pied. Vous aviez placé tous vos espoirs dans cette intervention pour enfin marcher sans douleur. Pourtant, des semaines ou des mois plus tard, le constat est amer : la douleur est toujours là, voire différente, ou pire encore. Vous avez le sentiment que l’opération est « ratée ».
L’échec de la chirurgie du névrome de Morton, bien que minoritaire, est une réalité qui plonge les patients dans le désarroi. Ce n’est pas une fatalité, mais une situation complexe qui demande un nouveau diagnostic précis pour en comprendre la cause. Comprendre pourquoi la douleur persiste est la première étape pour envisager de nouvelles solutions thérapeutiques.
Les infos à retenir
- ✅ Ce n’est pas rare : L’échec de la chirurgie du Morton (douleur résiduelle ou récidivante) est une complication connue, dont le taux peut atteindre 15 à 20% selon les études. Vous n’êtes pas un cas isolé.
- 🧠 La cause N°1 : le névrome de moignon. La cause la plus fréquente de récidive de la douleur est la formation d’un « névrome de moignon ». L’extrémité du nerf qui a été coupé cicatrise en formant une petite boule de tissu nerveux, qui est elle-même douloureuse.
- 🤔 Et si le diagnostic initial était erroné ? L’échec peut aussi venir du fait que la douleur n’était pas (ou pas seulement) due à un névrome de Morton, mais à une autre pathologie de l’avant-pied (capsulite, instabilité…).
- 👨⚕️ Le recours indispensable : un second avis. Face à une douleur persistante après 3 à 6 mois, il est fondamental de demander un second avis auprès d’un autre chirurgien orthopédiste, si possible hyper-spécialisé dans la chirurgie du pied.
Qu’est-ce qui définit une « opération ratée » du névrome de Morton ?
On parle d’échec ou de résultat insatisfaisant lorsque, après une période de convalescence normale de 3 à 6 mois, la douleur initiale persiste ou lorsqu’une nouvelle douleur, parfois différente, apparaît. Il est normal d’avoir des douleurs post-opératoires et un œdème pendant plusieurs semaines. Mais si la douleur caractéristique de « décharge électrique » ou de « caillou sous le pied » revient à l’identique, ou si une douleur de brûlure permanente s’installe, on peut considérer que l’objectif de la chirurgie n’a pas été atteint.
Quelles sont les causes possibles de cet échec ?
Plusieurs scénarios peuvent expliquer la persistance de la douleur.
👨⚕️ Le névrome de moignon
C’est de loin la cause la plus fréquente. L’opération classique (neurectomie) consiste à enlever le névrome, c’est-à-dire à couper le nerf malade. L’extrémité du nerf qui reste va cicatriser. Parfois, cette cicatrisation se fait de manière anarchique et crée une petite boule de tissu nerveux et cicatriciel, appelée névrome de moignon. Ce moignon, coincé dans une zone de forte contrainte mécanique, peut devenir aussi, voire plus douloureux que le névrome initial.
🤔 Une résection incomplète ou un diagnostic erroné
Plus rarement, il peut arriver que le chirurgien n’ait pas retiré la totalité du nerf atteint. Il peut aussi arriver que le diagnostic initial ait été incorrect : la douleur n’était pas causée par un névrome, mais par une inflammation de l’articulation (capsulite du 2ème ou 3ème rayon), une fracture de fatigue ou une instabilité articulaire. Comme la cause réelle n’a pas été traitée, la douleur persiste.

Que faire si je pense que mon opération est un échec ?
La première chose à faire est de revoir votre chirurgien pour lui faire part de la persistance de vos douleurs. Il pourra vous prescrire de nouveaux examens (échographie, IRM) pour essayer de comprendre. Cependant, face à une situation aussi complexe, il est fortement recommandé de solliciter un second avis médical. Consultez un autre chirurgien orthopédiste, idéalement un spécialiste reconnu de la chirurgie du pied et de la cheville. Il portera un regard neuf sur votre cas, refera un examen clinique complet et pourra proposer de nouvelles pistes diagnostiques ou thérapeutiques. Avant d’envisager une nouvelle chirurgie (reprise), toutes les options de traitement médical de la douleur (infiltrations, semelles orthopédiques, kinésithérapie) doivent être explorées.
L’avis du chirurgien orthopédiste spécialiste du pied
« L’échec de la chirurgie de Morton est une réalité et c’est une situation très difficile pour le patient. La cause la plus fréquente est le névrome de moignon. La chirurgie de reprise est possible, elle consiste à retrouver l’extrémité du nerf coupé et à aller le sectionner beaucoup plus haut, dans une zone non soumise aux contraintes. Mais c’est une intervention délicate, et le succès n’est pas garanti à 100%. C’est pourquoi, avant de réopérer, on doit être absolument certain du diagnostic et avoir épuisé toutes les autres options. »
Ne pas rester seul face à la douleur
Le sentiment d’échec après une opération est une épreuve physique et psychologique. Il est important de ne pas vous résigner à la douleur en pensant qu’il n’y a plus rien à faire.
La persistance de vos symptômes a une cause qu’il faut identifier. La démarche de prendre un second avis est une étape constructive et légitime. Elle vous permettra de comprendre ce qui n’a pas fonctionné et d’explorer, avec un nouveau regard, les solutions qui existent pour enfin vous soulager.
Foire Aux Questions (FAQ)
🤔 La technique de « neurolyse » est-elle plus fiable pour éviter la récidive ?
La neurolyse consiste à « libérer » le nerf au lieu de le couper. Cette technique a l’avantage de préserver la sensibilité des orteils, mais elle a un taux de récidive de la douleur parfois jugé supérieur à la résection, car le nerf peut à nouveau se retrouver « coincé » par la fibrose cicatricielle. Le choix de la technique dépend du chirurgien et de la taille du névrome.
🦶 J’ai une perte de sensibilité des orteils, est-ce normal ?
Oui. Si vous avez eu une « neurectomie » (le nerf a été coupé), il est tout à fait normal et définitif d’avoir une perte de sensibilité ou une sensation de « doigts en carton » sur les faces latérales des deux orteils qui étaient innervés par le nerf retiré. C’est une séquelle attendue de cette intervention.
💰 Une nouvelle opération sera-t-elle prise en charge ?
Oui. S’il est avéré que la douleur persiste ou récidive pour une raison médicale (comme un névrome de moignon), la chirurgie de reprise est une intervention qui est prise en charge par la Sécurité Sociale et les mutuelles, dans les mêmes conditions que la première opération.









