Voir sa fille perdre ses cheveux par poignées est une source d’inquiétude majeure pour tout parent. Cette situation, plus fréquente qu’on ne le pense, peut avoir diverses origines et nécessite une approche adaptée selon l’âge de l’enfant et les circonstances. Découvrez les principales causes de cette chute capillaire massive chez les enfants et les solutions à mettre en place.
Les principales causes de chute massive
Trichotillomanie : l’arrachage compulsif
La trichotillomanie représente l’une des causes les plus fréquentes de chute de cheveux par poignées chez les enfants. Ce trouble se caractérise par l’arrachage compulsif de ses propres cheveux, touchant particulièrement les enfants vers 2 ans et les jeunes adolescents vers 10-12 ans.
Les signes révélateurs incluent des zones dégarnies irrégulières sur le cuir chevelu, avec des cheveux de longueurs inégales dans les zones touchées. Le comportement d’arrachage est souvent observé en période de stress ou d’ennui, l’enfant ressentant une sensation de soulagement après l’arrachage.
Effluvium télogène : le stress comme déclencheur
L’effluvium télogène peut être provoqué par différents éléments : le stress, un choc, un accident, un événement traumatisant, une fièvre sévère, une infection. Cette condition pousse prématurément un grand nombre de cheveux en phase de chute, créant une perte massive 2 à 3 mois après l’événement déclencheur.
Infections fongiques (teigne)
Les mycoses du cuir chevelu peuvent expliquer des pertes de cheveux importantes chez l’enfant. La teigne se manifeste par des plaques rondes dégarnies, souvent accompagnées de démangeaisons et de desquamation.
Carences nutritionnelles
La perte de cheveux chez les enfants peut être due à une carence en vitamines (par exemple, manque de vitamine H ou de biotine) ou de nutriments insuffisants comme le zinc. Une alimentation déséquilibrée ou des troubles alimentaires peuvent déclencher une chute massive.
Facteurs déclencheurs selon l’âge
Chez les tout-petits (2-5 ans)
À cet âge, la trichotillomanie apparaît souvent comme un comportement d’auto-apaisement, similaire à la succion du pouce. Les déclencheurs incluent généralement l’adaptation à une nouvelle situation comme l’entrée à l’école ou un déménagement, les tensions familiales perçues par l’enfant, l’ennui ou le besoin de stimulation sensorielle, ainsi que les troubles du sommeil.
Chez les enfants d’âge scolaire (6-10 ans)
Les causes se diversifient avec l’âge et incluent notamment la pression scolaire et les difficultés d’apprentissage, les relations sociales conflictuelles, un perfectionnisme excessif et l’anxiété de performance qui peuvent tous contribuer au stress générant la perte capillaire.
Chez les préadolescents (11-14 ans)
La puberté change la donne avec des facteurs spécifiques comme les bouleversements hormonaux, les questionnements autour de l’image corporelle et de l’estime de soi, les pressions sociales accrues ainsi que le début possible de troubles alimentaires qui peuvent tous impacter la santé capillaire.
Signaux d’alerte nécessitant consultation
Consultation immédiate
Consultez rapidement un dermatologue ou pédiatre si vous observez :
- Chute brutale et massive en quelques jours
- Plaques dégarnies avec inflammation ou infection
- Démangeaisons intenses du cuir chevelu
- Fièvre associée à la chute de cheveux
- Comportement d’arrachage compulsif impossible à arrêter
Surveillance attentive
Demandez un avis médical dans les semaines qui suivent si :
- La chute persiste malgré l’élimination des facteurs de stress
- L’enfant présente d’autres symptômes (fatigue, pâleur, troubles de l’appétit)
- Des zones complètement dégarnies apparaissent
- L’enfant souffre psychologiquement de cette situation
Diagnostic et examens complémentaires
Examen clinique approfondi
Le médecin réalisera :
- Observation du cuir chevelu et des cheveux restants
- Recherche de signes d’inflammation ou d’infection
- Évaluation de la répartition des zones dégarnies
- Test de traction pour évaluer la résistance capillaire
Examens complémentaires possibles
Selon le contexte, peuvent être prescrits :
- Prélèvement mycologique pour rechercher une teigne
- Bilan sanguin (fer, vitamines, hormones thyroïdiennes)
- Trichoscopie pour analyser la structure capillaire
- Biopsie du cuir chevelu dans certains cas complexes

Solutions et traitements adaptés
Prise en charge de la trichotillomanie
Approche comportementale : La thérapie cognitivo-comportementale qui se concentre spécifiquement sur la trichotillomanie est le traitement initial privilégié, notamment la technique de renversement des habitudes.
Stratégies pratiques :
- Identifier les moments et situations déclencheurs
- Proposer des activités alternatives (balle anti-stress, fidget toys)
- Couper les ongles courts pour limiter la prise
- Porter des gants pendant les moments critiques
Traitement des infections
Pour la teigne et autres infections fongiques :
- Antifongiques topiques ou oraux selon la gravité
- Désinfection des objets personnels (brosses, bonnets)
- Éviction temporaire de la collectivité
- Surveillance de l’entourage familial
Correction des carences
En cas de déficits nutritionnels :
- Supplémentation ciblée (fer, zinc, vitamines B)
- Rééquilibrage alimentaire avec l’aide d’un nutritionniste
- Traitement des troubles alimentaires sous-jacents
- Suivi biologique de l’efficacité du traitement
Soutien psychologique et familial
Accompagnement de l’enfant
L’aspect psychologique reste primordial dans la prise en charge :
- Éviter les reproches et punitions qui augmentent le stress
- Valoriser les moments sans arrachage
- Proposer un accompagnement psychologique si nécessaire
- Maintenir une communication ouverte et bienveillante
Gestion du stress familial
La chute de cheveux de l’enfant impacte toute la famille :
- Rechercher et éliminer les sources de tension familiale
- Adapter l’environnement pour réduire les facteurs de stress
- Consulter un thérapeute familial si les difficultés persistent
- Rejoindre des groupes de soutien pour parents concernés
Mesures préventives et hygiène capillaire
Soins capillaires adaptés
Pour préserver les cheveux restants :
- Utiliser des shampooings doux sans sulfates
- Éviter les coiffures trop serrées (queues de cheval, tresses)
- Limiter l’usage d’accessoires agressifs
- Protéger les cheveux pendant le sommeil (taie d’oreiller en soie)
Environnement favorable
Créer un cadre propice à la détente :
- Instaurer des rituels apaisants le soir
- Limiter les écrans avant le coucher
- Encourager les activités créatives et sportives
- Maintenir des horaires réguliers
Évolution et pronostic
Récupération capillaire
Dans la plupart des cas, la repousse est possible :
Trichotillomanie : Les cheveux repoussent normalement si l’arrachage cesse, sauf en cas de cicatrices du cuir chevelu.
Effluvium télogène : La récupération complète survient généralement en 6 à 12 mois après élimination de la cause.
Infections traitées : La repousse débute 4 à 6 semaines après guérison de l’infection.
Suivi à long terme
Un accompagnement prolongé peut être nécessaire :
- Surveillance de l’évolution psychologique
- Prévention des rechutes en période de stress
- Adaptation continue des stratégies thérapeutiques
- Maintien d’une hygiène de vie équilibrée
Quand s’inquiéter réellement
Situation | Niveau d’urgence | Action recommandée |
---|---|---|
Chute brutale avec fièvre | Élevée | Consultation immédiate |
Plaques inflammatoires | Élevée | Dermatologue sous 48h |
Arrachage compulsif | Moyenne | Pédopsychiatre sous 1 semaine |
Chute progressive | Faible | Médecin traitant sous 1 mois |
Conseils pratiques pour les parents
Ce qu’il ne faut pas faire :
- Gronder ou punir l’enfant pour l’arrachage
- Minimiser l’impact psychologique de la chute
- Utiliser des produits « miracles » sans avis médical
- Ignorer les signes de détresse de l’enfant
Ce qu’il faut privilégier :
- Écoute bienveillante et soutien inconditionnel
- Consultation médicale précoce en cas de doute
- Recherche active des facteurs de stress
- Patience dans l’accompagnement thérapeutique
Foire aux questions
Les cheveux vont-ils repousser normalement ? Dans la majorité des cas, oui. La repousse dépend de la cause initiale et de la précocité de la prise en charge.
Faut-il couper les cheveux restants ? Ce n’est généralement pas nécessaire, sauf pour égaliser une coupe très irrégulière due à l’arrachage.
Peut-on utiliser des compléments alimentaires ? Uniquement sur prescription médicale après bilan sanguin confirmant des carences.
L’école doit-elle être informée ? Dans certains cas (teigne), l’éviction temporaire est obligatoire. Pour la trichotillomanie, l’information peut aider à adapter l’environnement scolaire.
La perte de cheveux par poignées chez l’enfant, bien qu’impressionnante, trouve généralement une solution avec une prise en charge adaptée. L’essentiel réside dans l’identification rapide de la cause et l’accompagnement bienveillant de l’enfant tout au long du processus de guérison.