Suite à un accident du travail, une maladie ou une dégradation de votre état de santé, le médecin du travail a émis un avis d’aptitude avec des restrictions : interdiction de port de charges lourdes, aménagement des horaires, poste de travail adapté… Pourtant, votre employeur ignore ces préconisations et continue de vous demander d’effectuer des tâches incompatibles avec votre état. Que faire ?
Cette situation, malheureusement fréquente, est non seulement dangereuse pour votre santé, mais elle est aussi parfaitement illégale. L’employeur a une obligation de sécurité de résultat et est tenu de respecter les avis du médecin du travail. Face à un non-respect, vous disposez de plusieurs leviers pour faire valoir vos droits.
Les infos à retenir
- ⚖️ Une obligation légale pour l’employeur : L’employeur est tenu de prendre en considération l’avis et les propositions du médecin du travail. Le non-respect de cette obligation constitue une faute grave.
- 👨⚕️ Le médecin du travail est votre allié N°1 : Si votre employeur ne respecte pas les restrictions, le premier réflexe est de recontacter la médecine du travail pour l’informer de la situation.
- ✉️ La nécessité d’une trace écrite : Ne vous contentez pas d’échanges oraux. Formalisez vos demandes et le non-respect des restrictions par des e-mails ou un courrier recommandé à votre employeur et aux ressources humaines.
- 🚨 La « faute inexcusable » en cas d’accident : Si un accident du travail survient parce que les restrictions n’ont pas été respectées, la « faute inexcusable de l’employeur » peut être reconnue, ouvrant droit à une indemnisation bien plus importante.
Quelle est l’étendue de l’obligation de l’employeur ?
L’obligation de l’employeur est l’une des plus fortes du droit du travail. L’article L. 4121-1 du Code du travail lui impose une obligation de sécurité de résultat en matière de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs. Cela signifie qu’il doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer votre sécurité. Les préconisations du médecin du travail font partie de ces mesures.
L’employeur ne peut ignorer un avis d’aptitude avec restrictions. Il doit adapter votre poste de travail en suivant les recommandations. S’il estime que c’est impossible, il doit justifier par écrit les motifs qui s’opposent à cette adaptation. Il ne peut en aucun cas vous laisser sur un poste qui met votre santé en danger.
Quelle est la procédure à suivre face au non-respect ?
Il est crucial de ne pas rester isolé et d’agir de manière structurée.
✉️ 1. Le dialogue et la formalisation
Dans un premier temps, rappelez oralement à votre manager les restrictions émises par le médecin du travail. Si cela ne suffit pas, formalisez votre demande par un e-mail ou un courrier remis en main propre, en rappelant les tâches qui vous sont demandées et qui sont incompatibles avec les préconisations. Mettez les Ressources Humaines en copie.
👨⚕️ 2. L’alerte des instances
Si la situation perdure, vous devez alerter. Votre premier allié est le médecin du travail lui-même. Contactez son service pour l’informer de la situation. Il pourra intervenir directement auprès de l’employeur. Vous devez également informer les représentants du personnel (CSE – Comité Social et Économique), qui ont un droit d’alerte en cas d’atteinte à la santé des salariés.
⚖️ 3. La mise en demeure et l’inspection du travail
Si rien ne bouge, l’étape suivante est l’envoi d’une lettre de mise en demeure par courrier recommandé, exigeant l’application immédiate des restrictions. En parallèle, vous pouvez saisir l’inspection du travail, qui pourra venir constater le manquement de l’employeur et lui adresser une injonction, voire un procès-verbal.

Quels sont les risques pour le salarié et pour l’employeur ?
Pour le salarié, le risque est évident : l’aggravation de son état de santé ou la survenue d’un accident du travail. Si cela se produit, la responsabilité de l’employeur est massivement engagée. La reconnaissance de la « faute inexcusable de l’employeur » par un tribunal permettra au salarié d’obtenir une majoration de sa rente d’incapacité et la réparation intégrale de ses préjudices.
Le salarié peut également, si la situation est intenable, envisager une « prise d’acte de la rupture » de son contrat de travail aux torts de l’employeur, ou demander la résiliation judiciaire de son contrat devant le Conseil de Prud’hommes. Si le manquement de l’employeur est jugé suffisamment grave, la rupture produira les effets d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse.
L’avis de l’avocat en droit du travail
« Le non-respect d’un avis du médecin du travail est l’une des fautes les plus lourdes qu’un employeur puisse commettre. C’est un manquement direct à son obligation de sécurité. Pour le salarié, la clé est la preuve. Il faut tout tracer : e-mails à la hiérarchie, courriers à la médecine du travail, témoignages de collègues… Ne restez jamais dans l’oral. Le jour où il faudra agir, un dossier écrit et documenté est la seule chose qui compte devant un Conseil de Prud’hommes. »
Votre santé n’est pas négociable
Les restrictions médicales émises par le médecin du travail ne sont pas des suggestions. Elles constituent une protection légale pour votre santé, que votre employeur a l’obligation absolue de respecter. Face à un manquement, vous n’êtes pas démuni.
En suivant une démarche graduée, en alertant les bonnes instances et en constituant un dossier solide, vous pourrez contraindre votre employeur à respecter ses obligations. Votre santé est votre bien le plus précieux, et le droit du travail est là pour la protéger.
Foire Aux Questions (FAQ)
🤔 Mon employeur peut-il me licencier si l’aménagement de poste est impossible ?
Si, suite à un avis d’inaptitude, aucun aménagement de poste n’est possible et que le reclassement sur un autre poste est également impossible, l’employeur peut engager une procédure de licenciement pour inaptitude et impossibilité de reclassement. C’est une procédure très encadrée.
👨⚕️ Le médecin du travail est-il tenu au secret médical ?
Oui, totalement. Le médecin du travail est tenu au secret médical le plus strict. Il ne communique à l’employeur que ses conclusions et ses préconisations (les restrictions), mais jamais la nature de votre pathologie ou votre diagnostic.
📄 Puis-je refuser d’effectuer une tâche qui contrevient à mes restrictions ?
Oui. Face à une demande qui met en danger votre santé et qui viole les préconisations du médecin du travail, vous pouvez exercer votre « droit de retrait » pour danger grave et imminent. Il est cependant plus prudent de le faire après avoir formalisé votre refus et alerté les instances (RH, CSE, médecine du travail).









