Votre enfant est malade, il a de la fièvre ou des douleurs, et votre cœur de parent se serre. Vous lui administrez un suppositoire, mais son inconfort persiste. L’attente est insoutenable, et une idée vous traverse l’esprit : « Et si j’en mettais un deuxième pour que ça agisse plus vite, plus fort ? ». C’est une question que de très nombreux parents se posent, animés par la volonté de soulager leur enfant au plus vite.
Pourtant, malgré les meilleures intentions du monde, cette idée est une fausse bonne idée. La réponse des pédiatres, médecins et pharmaciens est unanime, formelle, et ne souffre d’aucune exception : non, il ne faut jamais doubler la dose. Cet article vous explique en détail pourquoi cette pratique est non seulement inefficace, mais surtout potentiellement dangereuse pour un enfant, et quelle est la bonne conduite à tenir si le traitement ne semble pas suffisant.
Les infos à retenir
- ❌ La réponse est NON : Il ne faut jamais administrer deux suppositoires simultanément à un enfant, qu’ils soient identiques ou différents, sans une prescription médicale claire qui le stipule.
- ⚖️ Le dosage par poids : La dose d’un médicament pour enfant (surtout le paracétamol) est calculée en fonction de son poids, et non de l’intensité de ses symptômes. Doubler la dose, c’est risquer le surdosage.
- ❤️ Risque de toxicité : Un surdosage de paracétamol, même ponctuel, peut être très toxique pour le foie fragile d’un nourrisson ou d’un jeune enfant.
- 👨⚕️ Si ça ne va pas mieux : Si la fièvre ou la douleur persistent, la solution n’est pas d’augmenter la dose soi-même, mais de respecter les délais entre les prises et de contacter son médecin si la situation ne s’améliore pas.
Pourquoi doubler la dose est une fausse bonne idée pour votre enfant
Un médicament pédiatrique n’est pas une version « miniature » d’un médicament pour adulte. Son dosage est le fruit de calculs très précis pour garantir un maximum d’efficacité pour un minimum de risques. Rompre cet équilibre expose votre enfant à des dangers bien réels.
Le risque n°1 : le surdosage au paracétamol ☠️
C’est le danger le plus grave et le plus fréquent. Les suppositoires pour enfants contiennent souvent du paracétamol (Doliprane®, Efferalgan®…). C’est un médicament très efficace, mais son surdosage peut provoquer des lésions graves et irréversibles au foie. La dose maximale de paracétamol pour un enfant est calculée par son poids (environ 60 mg par kilo et par 24 heures, répartis en 4 prises, soit 15 mg/kg toutes les 6 heures).
En administrant deux suppositoires, vous donnez en une seule fois une dose massive qui peut dépasser le seuil de toxicité pour le foie de votre enfant. Il est incapable de métaboliser une telle quantité d’un coup. C’est une urgence médicale silencieuse, car les symptômes d’une intoxication au paracétamol n’apparaissent souvent que 24 à 48 heures plus tard, quand les dégâts sur le foie sont déjà importants.
Le surdosage de médicaments est dangereux, même pour les suppositoires. Pour les traitements oraux, il est aussi utile de connaître les dangers de Calmosine.

L’irritation et le rejet : un traitement rendu inefficace 🚽
Le rectum d’un bébé ou d’un jeune enfant est petit et sensible. Le volume de deux suppositoires peut créer une irritation et un inconfort majeurs, déclenchant un réflexe d’expulsion. L’enfant risque alors de rejeter les deux suppositoires avant même que le principe actif n’ait été absorbé. Résultat : une double dose pour une efficacité nulle, tout en ayant fait courir un risque à votre enfant.
En cas de doute sur un surdosage : le réflexe vital
Si vous avez administré une double dose par erreur, si vous avez un doute sur le dosage ou si un autre membre de la famille a peut-être déjà donné un médicament : ne perdez pas une seconde. N’attendez pas l’apparition de symptômes. Appelez immédiatement le 15 (SAMU) ou le centre antipoison de votre région. C’est une urgence médicale, et une prise en charge rapide peut tout changer.
Le guide pratique du parent : que faire quand le traitement ne suffit pas ?
Votre angoisse est compréhensible. Alors, que faire concrètement quand la fièvre ne baisse pas ou que votre enfant semble toujours souffrir ?
Mon enfant a toujours de la fièvre après le suppositoire… 🌡️
Il faut être patient. Un médicament comme le paracétamol met entre 30 et 60 minutes pour commencer à agir. La fièvre ne va pas tomber d’un coup. La règle d’or est de respecter l’intervalle de 6 heures entre chaque prise de paracétamol. En attendant, vous pouvez aider votre enfant avec des gestes simples :
- Ne le couvrez pas trop.
- Proposez-lui à boire très régulièrement pour éviter la déshydratation.
- Maintenez une température fraîche dans sa chambre (19°C).
Mon enfant a expulsé le suppositoire… que faire ?
C’est une situation très fréquente. La conduite à tenir dépend du délai :
- S’il est rejeté immédiatement (dans les 10 minutes) : Vous pouvez essayer d’en remettre un autre, car il est probable que le premier n’ait pas eu le temps de fondre et d’être absorbé.
- S’il est rejeté plus tard (après 15-20 minutes) : Ne remettez rien. Il est impossible de savoir quelle quantité de médicament a été absorbée. Attendez l’heure de la prochaine prise prévue. En cas de doute, appelez votre pharmacien.
Le médecin a prescrit deux types de suppositoires…
Dans certains cas (fortes fièvres, douleurs importantes), un médecin peut prescrire deux médicaments différents, par exemple du paracétamol et un anti-inflammatoire (comme l’ibuprofène). Dans ce cas, il ne faut JAMAIS les donner en même temps, mais en alternance, en respectant un intervalle de 3 à 4 heures entre les deux et l’intervalle propre à chaque médicament (6h pour le paracétamol, 8h pour l’ibuprofène). Suivez scrupuleusement l’ordonnance et les conseils de votre médecin.
Les accidents domestiques arrivent vite. Sachez comment réagir si votre enfant a bu de l’eau stagnante.
La sécurité de votre enfant, la seule priorité
En conclusion, vouloir soulager rapidement son enfant est un réflexe parental normal et aimant. Cependant, céder à l’impatience en doublant une dose de suppositoire est une erreur qui peut avoir des conséquences graves. La règle « un suppositoire à la fois » est une barrière de sécurité non négociable.
Le dosage d’un médicament pédiatrique est une science précise. Si la fièvre ou la douleur de votre enfant persistent, la solution n’est pas dans l’automédication risquée, mais dans la patience, l’application des gestes de confort et, surtout, dans un nouvel appel à votre médecin ou pharmacien. Ils sont vos meilleurs alliés pour traverser ces moments difficiles en toute sécurité.









